Posons le décor : Nous parlons aujourd’hui de plus en plus de la santé mentale.
« En 2019, l’OMS a lancé l’Initiative spéciale pour la santé mentale (2019-2023) : une couverture sanitaire universelle pour la santé mentale, afin d’assurer à 100 millions de personnes supplémentaires un accès à des soins mentaux de qualité et abordables dans 12 pays prioritaires. »
Il s’agit aussi de déstigmatiser la vision de ce que recouvre la santé mentale. Tout cela est une bonne chose. En effet, pour beaucoup de personnes la santé mentale demeure encore une vision réduite à des stéréotypes autour de termes comme la folie, les aliénés, les fous, …
Mais déjà, quand nous parlons santé mentale, de quoi parlons-nous? Voici la définition de l’OMS :
la santé mentale est un « état de bien-être qui permet à chacun de réaliser son potentiel, de faire face aux difficultés normales de la vie, de travailler avec succès et de manière productive, et d’être en mesure d’apporter une contribution à la communauté ».
Nous pouvons mesurer que nous sommes toutes et tous concerné(e)s par cette définition.
Sur un autre plan, la santé physique, nous voyons bien de quoi il s’agit autour de l’ensemble du champ médical du médecin traitant au chirurgien.
Depuis les Lumières jusqu’à aujourd’hui, chaque discipline scientifique s’est de plus en plus sectorisée, spécialisée amenant de facto à approcher l’humain par segments, par fragments.
C’est peut-être un peu caricatural, mais pas tant que cela.
Mon propos est de remettre en valeur l’unité de l’individu. Certes, il est composé de multiples dimensions, appartenances, interdépendances qui font d’un individu un système.
Et comme tout système, quand on agit sur un de ses éléments, tout le système est amené à se réajuster pour retrouver une forme d’homéostasie, d’équilibre interne pour que le système puisse fonctionner correctement.
En cela, rien de révolutionnaire. Nous le savons tous et toutes, par expérience, qu’agir sur la santé physique agit par ricochet sur sa santé mentale et inversement agir sur sa santé mentale agit sur sa santé physique.
De plus en plus de professionnels de la santé prennent en compte cela. Néanmoins, il reste encore beaucoup à faire pour créer des ponts, des liens entre les champs de la santé physique et de la santé mentale. Les dernières conférences de Doctolib dans le cadre des semaines sur la santé mentale ont très bien montré cet enjeu.
Décloisonner, échanger, partager, coopérer, collaborer sont des maîtres mots pour l’avenir d’une santé globale.
Nous pouvons à notre mesure, chacun et chacune le mettre en œuvre à notre échelle et déjà en tout premier lieu pour nous-même, pour notre propre santé.
Comment protégeons-nous notre santé globale dans notre vie professionnelle, dans notre vie privée, amicale, sociale, …?
Dans notre vie professionnelle, laissons-nous la souffrance physique et psychique nous atteindre? Posons-nous des justes limites ? Le système travail encourage le toujours plus, la surcharge avec de moins en moins de personnels. Si nous ne posons pas nos limites, si les valeurs de l’entreprise ne correspondent plus à nos valeurs, si le respect de ses besoins ne sont pas respectés, si les relations professionnelles sont dégradées, si le management est toxique, si la charge de travail dépasse les horaires prévus, si les tâches débordent et vont au-delà de sa fiche de poste, si on tient pour son équipe, ….. dans tous ces cas, nous n’écoutons plus notre corps qui dit « stop » par des douleurs, du stress constant, des symptômes corporels, une fatigue qui s’accumule, un sommeil non réparateur, une irritabilité et une sensibilité qui surgissent de plus en plus. Par conséquent, nous fonctionnons comme si nous n’étions qu’une tête sans corps, le corps étant réduit à une machine qui doit suivre le diktat de la tête. Notre système est alors dysfonctionnel et notre corps finira par avoir le dernier mot et nous arrêter malgré nous.
Dans notre vie privée, si déjà nous en avons une, gardons-nous du temps pour nous-même, pour nous ressourcer par des activités qui ont du sens pour nous? Sommes-nous surchargés parce que nous sommes une femme et qu’en plus du travail, il faut gérer la maison, les enfants ? Et même si les tâches sont réparties dans le couple, s’il y en a un, y a t-il un temps pour le couple, pour chacune et chacune? Si la vie, c’est métro-boulot-dodo, quelle place pour le plaisir, la réalisation de soi qui fait partie de nos besoins vitaux? Si mon métier est essentiellement physique, quelle place au mental, à la découverte, à la culture? Si mon métier est mental, quelle place au physique, au corps?
Est-ce que dans notre vie, il y a une place pour la vie amicale, sociale, associative, politique qui viennent combler nos besoins d’appartenance, de reconnaissance, de liens avec les autres, de partage? Partager des activités physiques, intellectuelles, culturelles, sportives, festives, autant d’activités qui donnent sens, qui créent du lien, du soutien, de l’entraide pour faire face aux difficultés de la vie.
Et tout simplement, quand nous oublions le corps, pourquoi ne pas aller marcher dans un environnement différent de mon quotidien, aller au bord d’une rivière, dans un bois pour retrouver un peu de nos racines, nous qui sommes un mammifère parmi d’autres. Nous relier à un système dont nous dépendons et qui est encore plus vaste que notre vision réductrice de l’humain. Mais cela est encore un autre vaste sujet.