La QVCT s’enracine sur les valeurs de l’entreprise

La Qualité de Vie et conditions de travail se doit d’être au cœur de l’entreprise. Pour être efficace, il est nécessaire qu’elle s’appuie sur les valeurs qui fondent l’entreprise, sa finalité, l’essence même de son existence.

Cela peut sembler évident mais les évidences sont souvent vite oubliées « quand nous avons le nez dans le guidon ».

Toute entreprise a été créée dans le but de rendre un service ou de vendre un produit. Le choix du service ou du produit a son histoire qui a donné sens à la création de l’entreprise. Souvent des valeurs sont associées à ce choix. Même s’il ne s’agit pas de rester figé dans la vision originelle de l’entreprise, l’entreprise se doit de garder l’essence de sa création. Ou si des changements de valeurs sont à opérer, elles sont à réfléchir et ancrer dans la vie de l’entreprise.

En quoi la QVCT s’enracine dans les valeurs de l’entreprise, dans sa finalité, son essence?

Le fait « travail » ne doit pas se limiter à un vision purement utilitariste et matérielle comme moyen de se nourrir, se loger, payer ses factures. Même si cela n’est pas négligeable, loin s’en faut, tout un chacun préfère faire un travail qui participe à un sens, à des valeurs que nous portons. Être en adéquation avec les valeurs, la finalité et l’essence de l’entreprise est essentiel pour être bien, performant dans son travail. Cela rejoint la question de la motivation.

La motivation est un facteur essentiel dans la réussite d’une entreprise. La motivation extrinsèque est basée sur la récompense et sur ce qui vient de l’extérieur de soi. Elle renvoie dans le travail en premier lieu au salaire, aux primes. C’est une motivation conditionnée par ce que l’on reçoit. Elle est certes normale mais elle est souvent insuffisante à créer une motivation épanouissante.

Il faut compter sur la motivation intrinsèque qui vient de soi. Et c’est là qu’intervient l’importance de créer une synergie chez tous les employés pour les intégrer à la responsabilité de la vie de l’entreprise. Chaque salarié doit être amené à croire qu’il participe activement à l’essence et à la finalité de l’entreprise, qu’il est porteur des valeurs de cette dernière. Chaque salarié doit se sentir comme collaborateur, contributeur de la société où il travaille. Il en est une des preuves vivantes. C’est de cohésion qu’il s’agit.

Or, dans nos entreprises, nous sommes souvent loin de cette vision car le modèle hiérarchique pyramidale démotive, déresponsabilise et déshumanise la raison d’être de l’entreprise.

Concrètement, il ne s’agit pas de faire un beau discours, d’écrire de beaux statuts, de mettre en avant sur son site internet les valeurs portées par l’entreprise. Non, cela doit se traduire factuellement dans l’ensemble des rouages de l’entreprise : dans la façon de manager, d’organiser le travail, de partager le travail et d’impliquer tous les salariés dans la responsabilité, la réussite et les récompenses. Partager la responsabilité, c’est tenir compte des avis de tout un chacun, peu importe ses compétences, niveau d’études. Les exemples sont nombreux d’entreprise qui ont gagné en rentabilité en écoutant ses employés de terrain qui savent comment il est nécessaire d’améliorer la gestion du travail. C’est aussi faire participer tous les employés aux décisions et orientations de l’entreprise. C’est sortir du modèle patriarcal où le patron serait le protecteur qui décide pour le bien de ses employés. Ces réflexes ont la vie dure et sont loin d’être déracinés. Et il n’est pas aisé de changer des habitudes ancestrales pour casser les barrières de la pyramide hiérarchique qui déresponsabilise, permet de renvoyer la faute sur le patron du côté des salariés et du côté des dirigeants de rester dans l’idée que les salariés ne comprennent rien aux ficelles techniques de la finance ou des marchés… C’est volontairement caricatural ! Même si dans la réalité, c’est plus nuancé, on ne peut nier cette lutte sous-jacente des classes qui érode la bonne qualité de travail. Les a priori des uns et des autres, la jalousie sur les places et rôles des autres détériorent la possibilité et capacité que nous avons tous de collaborer et travailler en meilleure intelligence.

C’est en s’appuyant sur les valeurs de l’entreprise, en en faisant un bien commun qu’il est possible de dépasser ces frontières et de créer de nouvelles conditions de travail.

C’est un investissement qui peut faire peur mais qui est bien plus porteur que de rester dans ses vieilles habitudes. Créer cette synergie ancrée sur les valeurs de l’entreprise impliquant de nouvelles façons de s’organiser est gage de l’augmentation de la rentabilité, tant humaine que financière. Je renvoie de nouveau au livre de Jacques Lecomte Les entreprises humanistes pour n’en citer qu’un.

Il est clair que vouloir faire cette démarche, qui est un investissement pour le long terme, suppose d’être accompagné pour que l’ensemble des salariés puissent faire ce passage d’un modèle à un autre, car il s’agit bien ici de changer de modèle de management, de gouvernance et d’organisation.

Peu d’entreprises osent investir réellement cette véritable vision complète de la Qualité de Vie et Conditions de travail. Mais le jeu en vaut la chandelle !!